Voyage : vers une nouvelle intermédiation ?
Une ribambelle de sites Internet nouveaux ont l'ambition de créer une connexion directe entre le voyageur et le réceptif. Leur modèle économique peut et doit servir l'évolution du métier des TO historiques.
«Le modèle du TO traditionnel est mort », lâche Olivier Thery. Le patron de Chemins du Globe (Ushuaïa/Chemins de Sable) égratigne au passage les méthodes du passé, face à un internaute surinformé : catalogue papier vite obsolète, manque de réactivité, clientèle vieillissante… Et il en profite pour promouvoir le mode opératoire de son site naissant Voyages-en-direct, qui repose sur la mise en relation directe entre les voyageurs et les réceptifs. C'est aussi le modèle économique d'Evaneos.com (lire l'article L'Écho touristique n° 3036), et d'une ribambelle de sites nouveaux : TraceDirecte, Trip in Live, La Fabrique à Voyage, Flowersway…
Alors, les voyagistes doivent-ils trembler ? Que nenni, du moins pour l'instant. Toutes ces plates-formes récentes visent une niche : le voyage sur mesure en individuel. Le but premier, c'est de capter la clientèle avertie, qui veut monter son voyage seule via Internet, quitte à contacter des agences locales en toute autonomie. « Notre objectif premier, c'est d'apporter au voyageur un outil interactif de création de voyages », explique Antoine Bouchet, co-gérant de Trip in Live.
Lancé en juin 2009, Evaneos.com annonce qu'il a fait voyager 6 000 personnes l'an dernier via des réceptifs. Avec ses deux employés, TraceDirecte a des ambitions modestes de 1 000 à 1 300 clients sur douze mois (lire l'interview ci-contre). Comme lui, ses concurrents ne pourront jamais marcher sur les plates-bandes des gros TO positionnés sur des produits de masse, avec d'importants engagements à la clé. Mais certaines méthodes des sites qui mettent en relation agences locales et voyageurs pourraient à terme grignoter des parts de marché à des TO englués dans des méthodes ancestrales. « Je crois plus en un Evaneos.com qu'en un Fram », lâche un observateur. La bonne attitude, pour un Kuoni ou un Jet tours, serait de regarder ces modèles pour s'en inspirer… Avant qu'il ne soit trop tard.
UNE NOUVELLE INTERMÉDIATION
« Sans intermédiaire, voyager c'est moins cher », telle est la signature de Voyages-en-direct. Peut-on parler de désintermédiation ? Certainement pas ! Il s'agit d'une nouvelle forme d'intermédiation, avec en général le même nombre d'étapes que dans le cadre d'un forfait acheté directement au tour-opérateur. En due et place de la chaîne voyageur-TO-agence réceptive, le circuit rassemble voyageur-acteur en ligne-agence réceptive. Mais pour le client final, le deuxième maillon de la chaîne est presque invisible, ce qui donne l'illusion de recourir à un intermédiaire en moins.
Le deuxième maillon a pourtant bel et bien une valeur ajoutée, dans un rôle d'apporteur d'affaires entre un consommateur et un réceptif : une plate-forme technologique simple avec idéalement un processus de devis en ligne, un réseau de réceptifs de préférence francophones capables de fournir des prestations terrestres, un tiers de confiance (voire un système de paiement en ligne).
Pour tous ses services rendus, l'entreprise, qu'elle se qualifie TO en ligne ou agence en ligne, empoche et mérite une rémunération. Et sans surprise, un TraceDirecte sera moins gourmand qu'un Voyageurs du Monde. « Nous sommes effectivement 10 à 15 % moins chers que des circuits équivalents de TO classiques, souligne Antoine Bouchet (Trip in Live). Mais contrairement à certains de nos concurrents, nous ne voulons pas mettre en avant notre bon rapport qualité-prix ». Le consommateur, de plus en plus futé, saura comparer les produits et les prix. Et vue la clientèle ciblée, c'est avant tout la qualité du voyage monté à la carte par l'agence locale qui fera la différence. Un système de notation des réceptifs pourrait servir l'e-réputation des réceptifs et de leurs promoteurs.
%%HORSTEXTE:1%%
