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Vers un tourisme ( enfin ) responsable ?

L'association Agir pour un tourisme responsable souhaite entraîner davantage de partenaires vers la certification. Mais les voyagistes ne sont pas tous prêts à modifier leurs pratiques.

%%HORSTEXTE:1%%La semaine du développement durable n'est pas terminée mais on peut déjà constater que le secteur du tourisme est quasiment absent de cet événement. En effet, les voyagistes et agences de voyage avancent plutôt lentement sur ce sujet. Le SNAV travaille ainsi depuis trois ans sur un label qui n'est pas sûr de voir le jour, faute de moyens. «Je ne critique pas le SNAV car sa position reflète les préoccupations de ses membres. On est un des derniers secteurs à ne pas s'être engagé», précise Christian Orofino, président de la commission tourisme durable du SNAV.

%%HORSTEXTE:2%%La conférence de l'association ATR (Agir pour un tourisme responsable) du 27 mars dernier pourrait toutefois donner un coup d'accélérateur à la thématique durable dans la profession. À l'occasion de ses 10 ans, ATR a ainsi annoncé son intention de s'ouvrir à de nouveaux acteurs. Reste à savoir si les professionnels du tourisme entendront cet appel. L'association a réussi, grâce à la mise en place d'une certification avec l'Afnor, à remplir une partie de ses objectifs : promouvoir un tourisme de qualité pour un développement durable des destinations, réduire les impacts négatifs des voyages, informer et éduquer les clients au tourisme responsable, répartir plus équitablement les bénéfices, engager des démarches durables en interne, etc. Mais son impact reste marginal. «On pèse peu sur l'ensemble de l'activité touristique», explique Vincent Fonvieille, président d'ATR et directeur général de La Balaguère. «Pourquoi continuer d'avancer si le reste de l'industrie, les gros, ne bouge pas ? Cela ne sert à rien si on est les seuls à ne pas dégazer sur le Nil», résume Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde.

Vers un référentiel adapté

ATR qui compte 11 voyagistes totalisant 200 000 clients par an, espère pourtant atteindre 50 membres, dont 20 certifiés et 500 000 voyageurs en 2016. «Nous allons créer une nouvelle certification, avec un référentiel adapté à tous, les tour-opérateurs, les réceptifs et les agents de voyage, qui sera présenté au plus tard en décembre 2014. Le référentiel actuel a été conçu, à l'origine, pour les voyagistes d'aventure et il faut le modifier», précise Julien Buot, ancien directeur de l'ATES (Association pour un tourisme équitable et solidaire), qui vient de rejoindre ATR en tant que directeur général. Pour Jean-François Rial, des opérateurs comme Kuoni, Asia ou Vacances Transat, «qui n'ont pas dit non», pourraient tout à fait postuler pour obtenir cette nouvelle certification.

Emmanuel Foiry, PDG du Kuoni France juge la certification «utile» et «sérieuse» mais reconnaît qu'il n'est pas encore prêt malgré plusieurs actions mises en oeuvre en interne et qu'il a aujourd'hui «d'autres priorités comme la restructuration». Chez Asia, Jean-Paul Chantraine, comme monsieur Jourdain, «faisait déjà du tourisme responsable avant qu'on lui donne ce nom» et cite nombre d'exemples de bonnes pratiques, comme la création du Lisu Lodge, en Thaïlande, un établissement nominé aux Trophées du tourisme responsable 2013. Pourtant Asia, comme la plupart des voyagistes français, n'a pas de politique globale en matière de développement durable, pas d'objectifs précis, pas de comité chargé de coordonner les différents services, pas de reporting et ne fournit pas d'informations sur ses pratiques alors que la transparence et la sensibilisation des voyageurs sont des éléments indispensables dans une démarche responsable. Entraîner des entreprises de cette taille dans une transformation de leurs process demandera donc beaucoup de temps et de travail.

Transat France qui s'est engagé depuis 2008 dans une politique de développement durable intégrée, avec un comité chargé de suivre ces questions, en sait quelque chose. «Nous avons choisi la certification Travellife, car elle était plus adaptée à nos activités et à notre besoin d'accompagnement. Sur nos pratiques, en interne, nous avons beaucoup avancé. Le grand défi, c'est tout ce qui concerne les destinations avec les hôtels, les réceptifs, les excursions… Cela prend beaucoup de temps. Mais nous sommes confiants de pouvoir embarquer nos partenaires et nos 450 000 clients et d'être certifié en 2015», précise Patric Caradec, PDG du voyagiste. En dehors de ces trois opérateurs, d'autres voyagistes comme Evaneos, Marco et Vasco (ex Planetveo), les membres de l'Ates ou les agences du réseau Vagabondages et certains réceptifs français pourraient également être de bons candidats, selon ATR. Mais les plus petits pourraient avoir du mal à payer le coût de la certification, de 1 800 à 4 000 euros pour l'audit.

Le succès d'ATR, dépendra finalement, de la définition précise du nouveau référentiel. Julien Buot rappelle qu'il ne s'agit pas d'atténuer les critères pour attirer «les gros» mais de les adapter. Ainsi, si la certification actuelle prévoit des groupes d'un maximum de 15 personnes, pour favoriser les contacts et réduire les impacts sur les destinations, le nouveau référentiel pourrait limiter les groupes à 40. «En Californie, ce n'est pas comme au Népal, on peut faire du tourisme responsable même avec des groupes importants», explique Julien Buot. Pourtant, dans ce cas précis, si deux voyagistes programment le même pays et que l'un respecte le critère de 40 personnes et l'autre celui de 15, il y aura bien une certification à deux vitesses. Reste à savoir où placer le curseur. Faut-il une certification exigeante qui garantisse au client le meilleur niveau de responsabilité ? Ou une certification plus souple qui permette au plus grand nombre d'entreprises de s'impliquer ? La question reste entière.

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