Toussaint : les réservations vers le Maghreb sont en chute libre
Suite à l’assassinat d’Hervé Gourdel et à l’appel à la vigilance du Quai d’Orsay, les Français "ont peur" d’aller en Afrique du Nord et se replient vers l’Italie, l’Espagne et la Grèce.
Les réservations des Français sont en chute libre vers l'Afrique du Nord, une destination habituellement prisée à cette période, après l'assassinat du Français Hervé Gourdel en Algérie et l'appel à la vigilance du Quai d'Orsay.
"Les clients disent "j'ai peur, je ne veux pas y aller" et les opérateurs enregistrent entre 15 % et 50 % d'annulations sur les pays du Maghreb", a déclaré René-Marc Chikli, président du Seto. La tendance concerne surtout la Tunisie et le Maroc, les deux destinations qui accueillent habituellement le plus de Français.
"Il va manquer 20 000 à 25 000 clients"
Les 70 membres du Seto font d'habitude partir environ 150 000 clients aux vacances de la Toussaint, dont 100 000 au Maghreb. Mais cette année, après l'assassinat fin septembre d’Hervé Gourdel et l'appel du Quai d'Orsay à la plus grande vigilance dans 40 pays, dont la Tunisie et le Maroc, "les gens ne réservent plus et il va probablement nous manquer 20 000 à 25 000 clients sur ces destinations", annonce-t-il.
Selon le fournisseur technologique Orchestra, les réservations vers la Tunisie, le Maroc, l'Egypte et la Turquie ont chuté d'environ 50% la semaine qui a suivi l'exécution de l'otage, par rapport à la semaine précédente.
Une réaction "épidermique"
La réaction a été "épidermique" juste après la décapitation d'Hervé Gourdel, confirme le directeur marketing de Transat France, Serge Laurens : "les ventes vers le Maroc et la Tunisie ont chuté de 50 % dans les jours suivants. Mais depuis 3-4 jours, ça remonte".
Du côté des agences de voyages, le Snav a enregistré "15% d'annulations effectives vers la Tunisie et le Maroc, et un peu vers la Turquie", selon son président Jean-Pierre Mas. Les clients se reportent vers d'autres destinations : Italie, Espagne, Canaries, Grèce… Le groupe Thomas Cook a ainsi dû augmenter ses capacités vers les Canaries, l'Espagne continentale et la République dominicaine.
Des craintes irrationnelles
En revanche, les destinations comme la Tanzanie et l’Indonésie semblent épargnées par la vague d'inquiétude. Les professionnels déplorent des craintes parfois "irrationnelles". "On a eu la situation absurde d'un monsieur qui a annulé son voyage en Australie parce qu'il faisait un stop à Dubaï avec Emirates, alors que Dubaï est en vert", raconte Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde.
Toute l'Afrique inquiète
Le gérant d'une agence parisienne, "Les Voyages de Thybus", Laurent Conseil, renchérit : "On a eu des annulations de voyages d'affaires au Sénégal à cause de la peur d'Ebola, alors que le Sénégal n'est pas concerné".
Il témoigne d'une "inquiétude de la clientèle au sens large concernant l'Afrique, liée au terrorisme mais aussi à Ebola". Et d'ajouter: "La question que nous posent nos clients en ce moment c'est : où aller pour être tranquille ? On les oriente souvent vers des croisières".
