Tordre le cou au sexisme ordinaire

%%HORSTEXTE:1%%Cela faisait plusieurs années que les hôtesses de British Airways revendiquaient le droit de porter des pantalons. Elles ont enfin eu gain de cause contre leur employeur qui les obligeait jusqu'à lors à travailler exclusivement en jupe. Anecdotique pourrait être cette affaire si elle n'avait pas lieu en 2016 et si elle ne relevait pas du fantasme de l'hôtesse de l'air pimpante et frétillante recrutée sur des critères plus proche du mannequinat que de la qualité de services. Dans d'autres compagnies, c'est leur droit à se marier et à la maternité que les hôtesses de l'air doivent âprement défendre. Nous sommes ici face à des situations qui nous portent bien au-delà du sexisme ordinaire que les femmes doivent supporter, si possible en gardant le sourire. Du N+1 qui vous jette à la figure lors d'un entretien annuel d'évaluation « une augmentation ? Tu n'as pas déjà suffisamment de sacs à main comme ça ?! » (le témoignage est véridique), aux blagues déplacées censées nous mettre mal à l'aise et aux regards un peu trop appuyés, l'expression du mâle dominant peut prendre bien des aspects.

Industrie très fortement féminisée, le tourisme ne déroge pas non plus à une misogynie ambiante dont les « cruches » et autres «bécassines » font les frais pour amuser la galerie, sous couvert d'un humour potache sans conséquences. Le premier baromètre sur les femmes cadres dans le tourisme (lire notre enquête de ce mois) nous éclaire sur le vécu, plutôt décomplexé, de ces managers qui ont trouvé leur place.

Enfin, le rapport sur la parité en entreprise remis le 10 février dernier au gouvernement rappelle ce que dit la loi en matière d'égalité et souligne les manquements, malgré quelques efforts. En attendant, c'est sur le terrain et au quotidien que se joue ce qui malheureusement reste une bataille, à savoir faire de la mixité une vraie force et non plus un combat stérile pour tout le monde.