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Sûreté aérienne : qui paiera l’addition?

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Si tout le monde s’accorde sur la nécessité de renforcer la sûreté du transport aérien, personne ne se bat pour régler la note. Or, les coûts de sûreté, déjà élevés en France en raison notamment du coût du travail, sont amenés à augmenter dans un futur proche.

Une coûteuse mise aux normes 

D’ici à 2020, les appareils de détection d’explosifs devront passer au "standard 3", conformément à ce que prévoit la réglementation européenne, pour un montant estimé entre 700 et 900 millions d’euros, dont 500 à 600 millions pour les aéroports parisiens de Roissy et d'Orly, et 200 à 300 millions pour les autres.

Problème, souligne Vincent Capo-Canellas, l’Etat ne s’est pas encore préoccupé du financement de ce coût supplémentaire. Dans son rapport "Efficacité et financement de la sûreté du transport aérien", remis le 12 octobre à la Commission des finances du Sénat, il propose de clarifier le financement et surtout de le rendre soutenable pour les acteurs de la chaîne, notamment les compagnies aériennes.

Mettre les boutiques des aéroports à contribution

"Il y a une limite à la soutenabilité de la hausse des redevances pour le monde aéronautique, surtout à l’heure où nous parlons de compétitivité du transport aérien français", a estimé le sénateur ce mercredi 13 octobre lors d’un point presse. Pour financer cette envolée des dépenses, il préconise d’élargir l’assiette de la taxe d’aéroport, en incluant notamment les commerces qui se trouvent dans les aéroports et bénéficient eux aussi des efforts en matière de sécurité.

Aujourd’hui, la sûreté dans les aéroports coûte quelque 766 millions d'euros, réglés par la taxe d'aéroport comprise dans le prix du billet d’avion. Soit 11,20 euros par passager en moyenne, dont 0,93 euros supportés par l’Etat, et en moyenne 1,62 euros pour une compagnie comme Air France.  

S'adapter aux nouvelles menaces

Mais la modernisation des équipements n’est pas la seule préoccupation. Dans son rapport, Vincent Capo-Canellas formule au total 16 recommandations. Un bon nombre d’entre elles concernent la nécessité de s’adapter aux risques nouveaux.

Aux menaces traditionnelles, à savoir l’introduction d’armes ou d’explosifs, viennent s'ajouter de nouveaux dangers comme les attaques dans les aérogares à l’image de qu’il s’est produit à l’aéroport de Zaventem à Bruxelles le 22 mars, puis à l’aéroport Atatürk d’Istanbul le 28 juin. Analyse comportementale, vidéoprotection, patrouilles, ou encore contrôle différencié, sont quelques-unes des pistes à explorer selon le rapport.

Mieux coordonner les différents acteurs

Pour une meilleure efficacité, le sénateur réclame par ailleurs davantage de coordination entre l’action de l’Etat et celle des très nombreux intervenants. Ministère des Transports, Ministère de l’Intérieur, DGAC, police aux frontières, gendarmerie du transport aérien, services de renseignement, aéroports et compagnies aériennes… "Aujourd’hui, si je demande : "Qui est le patron ?", personne ne sait me répondre", regrette-t-il. Aussi préconise-t-il  la mise en place d’une Agence de la sûreté du transport aérien et la création d’un poste de préfet délégué à Orly comme il en existe un  à Roissy.

Reste à savoir si ces propositions seront entendues. Elles vont en tout cas dans le sens du rapport de la Cour des comptes, publié le 12 octobre, remettant en cause la pertinence de la taxe de solidarité prélevée sur les billets d’avion. Selon la Cour, "force est de constater que ce mécanisme de solidarité, sans lien avec le domaine aérien, a perdu de son idéal, que l'exemple de la France n'est pas suivi et conduit à pénaliser le trafic aérien français".

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