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Pays arabo-musulmans : toujours la désaffection

Les attentats à Paris en janvier ont un impact sur la fréquentation touristique dans les pays du Maghreb ou d'obédience musulmane. Les tour-opérateurs attendent des initiatives publiques, dans les régions concernées, pour soutenir les flux depuis la France…

Le plan d'actions promis le 2 février par le Maroc pour renforcer sa promotion sur les marchés touristiques affectés par les « événements de Paris » aura peu d'impact dans un océan de statistiques en berne. Le pays, qui affichait encore en novembre 2014 une hausse de 2,9 % de sa fréquentation touristique internationale, s'attend à un printemps 2015 difficile sur son premier marché émetteur, la France. « Début janvier, déjà, le marché était atone. Depuis le choc des attentats, c'est encore pire », constate René-Marc Chikli, président du Seto. « Il y a un amalgame entre tout ce qui se passe dans les pays arabes et musulmans. Nous avons envoyé des courriers mi-janvier aux autorités touristiques du Maroc, de la Tunisie et de la Turquie, les alertant sur les chutes graves des niveaux de réservations », rappelle René-Marc Chikli. Après l'assassinat en Algérie du guide français Hervé Gourdel, en septembre 2014, les réservations vers le Maroc avaient été affectées une première fois. « Il y a une situation anxiogène au départ de la France », constatait déjà Abderrafie Zouiten, directeur général de l'Office du tourisme marocain, sur LCI en octobre 2014. La traduction des fonds publics marocains (100 millions de dirhams, soit 9,2 millions d'euros) en opérations de communication, de promotion et de relations publiques n'interviendra pas avant le printemps. « Il faut préserver ces marchés qui apportent des réservations anticipées en février et en mars, et ne pas les transformer en marchés de dernière minute », prévient René-Marc Chikli.

La Tunisie vit sa transition démocratique

En Tunisie, le calendrier électoral (législatives et présidentielles fin 2014) a empêché le ministère du Tourisme de réagir à temps. La nouvelle ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, a pris ses fonctions le 6 février. « Le Maroc travaille dans la continuité. C'est plus simple pour eux de décider », observe Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV (Fédération tunisienne des agences de voyages). « La situation n'est pas bonne, c'est clair ! Plus rien n'était stable depuis la révolution il y a quatre ans. Notre pays a connu un déficit d'actions concrètes. Avec le nouveau gouvernement, en place pour cinq ans, on va pouvoir parler de stratégie. La Tunisie a perdu 260 000 visiteurs en 2014, soit une baisse de 3,2 %. Le marché français n'est pas bon du tout », insiste Mohamed Ali Toumi. « Les attentats de Paris n'ont eu aucun impact sur le marché de la Tunisie, parce que le niveau n'était déjà pas terrible », relativise Raouf Ben Slimane, président de Thalasso n° 1. Il veut croire, lui aussi, que la nomination du gouvernement de coalition entre les modernistes de Nidaa Tounès et le mouvement islamiste Ennahdha autorisera une relance de la promotion du pays. « On a toutes les chances d'espérer un rebond de la destination », prévoit Raouf Ben Slimane. Depuis 2010, la destination Tunisie a perdu les deux tiers de ses clients chez Thalasso n° 1, passant de 80 000 pax à 25 000 pax en 2014. Optimiste mais prudent, le tour-opérateur qui a trouvé des relais de croissance aux Canaries (115 000 clients en 2014) et en Grèce (100 000 sièges prévus d'ici deux ans) s'est engagé cette année sur la base de 30 000 sièges pour la Tunisie.%%HORSTEXTE:1%%

Réflexe sécuritaire des clients français

Chez FTI, on note « un ralentissement sensible des ventes sur le Maroc et la Tunisie depuis les attentats de ce début d'année ». Quels seront les reports ? Thomas Giband, porte-parole du TO allemand, confirme un « engouement pour les destinations sécuritaires », comme la Grèce, l'Espagne ou Malte. Affectée par des amalgames complexes avec les groupes terroristes de Daech sur sa frontière avec la Syrie, la Turquie n'est pas mieux lotie que les deux pays leaders du Maghreb. « Nous avons également noté des signes de ralentissement des ventes sur la Turquie : traditionnellement l'un de nos best-sellers de l'été », rapporte Thomas Giband. « La Turquie a joué de malchance avec les attaques de Daech sur sa frontière avec la Syrie. Les clients français ne veulent plus y aller non plus », explique Christian Schmitter, directeur général de CroisiEurope. « Le Quai d'Orsay a placé tout le pays en zone de vigilance. Malgré une offre de gratuité pour une place achetée, on n'arrive pas à remplir notre bateau sur des croisières côtières entre la Grèce et la Turquie », observe Christian Schmitter.

Des initiatives pour convaincre

Reste le Moyen-Orient, marché de croissance aux perspectives contrastées. « Les réceptifs sur la mer Rouge essaient de trouver des incitations en nous mettant en relation avec le gouvernement égyptien », rapporte Christian Schmitter, qui tente d'élaborer un programme sans risques pour la Belle de l'Adriatique, son bateau de croisières côtières sur l'hiver 2015-2016. « L'objectif des réceptifs et des autorités égyptiennes, c'est de nous donner les moyens de communiquer, de faire des éductours. Ils ont essayé de me convaincre de mettre la Belle de l'Adriatique en mer Rouge. Nous avons testé nos clients à Paris, début février : le marché n'en veut pas. Il faudra donc limiter les risques l'hiver prochain en proposant différentes destinations. Notre bateau ira d'abord en Grèce, puis sur Chypre-Jérusalem et enfin en Italie ». Et la péninsule du Golfe ? Tirées par la production surdimensionnée de leurs compagnies aériennes au départ de la France, les destinations (Dubai, Abu Dhabi, Oman, Qatar) entendent poursuivre leur progression. « À la fin du mois de février, nous allons lancer notre production sur Doha, avec quatre hôtels de séjour », annonce Marie-Noëlle Barraud, chef de produit pour le Maghreb et le Proche-Orient chez TUI France. « Les reports d'inscription sont minimes depuis les attentats. La seule nuance concerne les compagnies aériennes du Golfe. Certains clients qui partent sur l'océan Indien nous demandent de ne plus voyager sur ces compagnies. Nous les re-routons parfois sur Turkish Airlines ». Tout est dans la nuance…

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