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OITS : Les taux de départ en vacances vont continuer de baisser

 » A l'occasion de la semaine du développement durable, l'Echo touristique donne la parole à des experts du tourisme sur ces questions. Jean-Marc Mignon, président de l'Organisation Internationale du Tourisme Social, s'inquiète des conséquences de l'austérité en Europe. »

L'Echo touristique : L'accès aux vacances pour tous est un de vos objectifs. Où en est-on aujourd'hui ?

Jean-Marc Mignon : On observe une baisse du taux de départ en vacances en Europe et en France. D'après les chiffres d'Ipsos-Europe Assistance, en 2012, 58% des européens sont partis en vacances, une baisse de 8% sur un an. C'est pire pour l'Italie, -15%, l'Espagne, -14% ou le Royaume-Uni, -10%. L'Europe du Nord est plutôt épargnée.

L'Echo touristique : Quel est l'impact de la crise ?

Jean-Marc Mignon : La crise et l'austérité budgétaire ont un véritable impact sur les dispositifs d'aide au départ. En Espagne, le programme seniors a été réduit de 25%. Au Portugal, il existe un programme similaire, qui a aussi souffert. En Italie, les chèques-vacances, même s'ils ne marchaient pas forcément bien, ont été supprimés. Avec les conséquences de l'austérité, le chômage, je pense que les taux de départs en vacances vont continuer de baisser. Cela nous préoccupe beaucoup.

L'Echo touristique : Quelles sont les personnes les plus touchées ?

Jean-Marc Mignon : Les publics les plus touchés sont évidemment ceux qui ont les revenus les plus faibles. En France, par exemple, les membres de l'Association pour un Tourisme Equitable et Solidaire programment le Maroc. C'est la destination la moins chère, mais la plus touchée, il y a une dégringolade complète. En revanche, les destinations long-courriers, plus chères, ne sont pas touchées. On observe aussi qu'il y a de plus en plus de familles monoparentales qui passent par les opérateurs du tourisme social.

L'Echo touristique : Comment favoriser l'accès aux vacances ?

Jean-Marc Mignon : L'OITS souhaite inscrire une ligne budgétaire sur le tourisme social dans le programme européen pour 2014-2020. Lidée est que l'Europe puisse soutenir des progammes nationaux. Nous avons proposé un budget de 12 millions d'euros qui aurait permis à 53 000 personnes de partir. Mais c'est le temps de l'austérité, et je ne pense pas que nous ayons gain de cause.

Nous avons en revanche obtenu une subvention pour la création d'une plateforme européenne, Calypso. C'est un outil B2B, qui recensera les opérateurs proposant une offre pour certaines clientèles : les jeunes, les seniors, les publics à faible revenus ou les personnes en situation de handicap. Elle sera lancée le 1er juillet.

Nous avons de plus en plus d'écoute. Mais cela ne se traduit pas en actions. C'est dommage, car favoriser le départ en vacances permet des échanges culturels en Europe. Découvir l'autre, c'est parfois ne plus avoir une vision négative du voisin. On oppose aussi social et économique, alors que les programmes seniors en Espagne ont de fortes retombées économiques

L'Echo touristique : Doit-on priviliéger les opérateurs du tourisme social, comme les membres de l'UNAT en France, ou les opérateurs privés ?

Jean-Marc Mignon : Aujourd'hui, la différence majeure, c'est que les membres de l'UNAT sont des associations à but non lucratif, et qu'ils n'ont pas à reverser 15% à des actionnaires. L'offre, moins haut de gamme, est aussi plus accessible et certains proposent encore des tarifs différenciés suivant des critères sociaux et de revenus. Les acteurs du tourisme social ne sont plus subventionnés. Avec les chèques vacances, ont peut aussi aller dans le privé. Le camping, par exemple, offre des tarifs assez bas. Nous ne sommes pas contre.

En France, il y avait un motif d'énervemenent constant, car on nous avions une enveloppe de 5 à 6 millions d'euros de subventions pour la rénovation des structures. Mais la défiscalisation pour les résidences privées, c'était 25 millions d'euros de recette fiscales en moins. Les auberges de jeunesse ou les centre de vacances ne peuvent pas en bénéficier.

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