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Les Antilles françaises se méfient des effets d’annonce

En visite en Martinique et en Guadeloupe le week-end dernier, Nicolas Sarkozy a promis le soutien de l’État pour le développement touristique des deux destinations. Mais les professionnels locaux affichent leur prudence, alors que le redémarrage des ventes reste poussif.

Comme tous les hôteliers des Antilles, le propriétaire de La Batelière, en Martinique, attendait le moment où Nicolas Sarkozy aborderait le sujet de la dette sociale et fiscale sous laquelle croulent les établissements antillais. Son hôtel, placé en redressement judiciaire, avait été habilement choisi pour accueillir, samedi 8 janvier, une table ronde sur le développement du tourisme dans les Antilles françaises, à l’occasion du voyage du président de la République en Martinique et en Guadeloupe. Mais Nicolas Sarkozy n’aura guère rassuré : pas question pour l’État de renoncer aux sommes dues, dont le montant a bondi de 20 à 30 ME entre juillet et décembre 2010.

AIR FRANCE AU DÉPART DU HUB DE ROISSY

Le chef de l’État a en revanche promis la nomination prochaine d’un médiateur chargé d’établir un audit économique et financier de l’hôtellerie et, plus largement, du secteur touristique antillais. Mais l’annonce la plus symbolique est celle du lancement de vols vers la Guadeloupe et la Martinique au départ du hub de Roissy. « Air France, compte tenu de l’engagement résolu de l’État, a accepté de prendre le risque », a affirmé Nicolas Sarkozy, évoquant une liaison hebdomadaire directe vers Pointe-à-Pitre et Fort-de-France à partir de novembre prochain. Une décision que les professionnels locaux réclamaient depuis des années, afin de capter les clientèles européennes qui transitent majoritairement par cet aéroport, alors que tous les vols vers les Antilles décollent d’Orly (à l’exception d’une rotation CDG – Pointe-à-Pitre opérée le dimanche par Air France). Ils prennent cependant acte de l’engagement présidentiel avec prudence, voire méfiance. « Pour l’instant, c’est un effet d’annonce, et Air France freine des quatre fers, commente Benoît Le Cesne, le directeur général du groupe Karibea Hotels. En outre, avec un vol par semaine, on ne pourra capter que le trafic loisirs, pas les hommes d’affaires. » Les hôteliers antillais rappellent aussi qu’un certain nombre d’engagements pris après la crise sociale de 2009 n’ont toujours pas été tenus.

L’HIVER S’ANNONCE PLUTÔT BON

« Les décrets d’application de la Lodeom [loi pour le développement économique de l’outre-mer, ndlr], votée en mai 2009 et qui prévoit notamment une aide pour la rénovation des hôtels, n’ont jamais été publiés, donc ces aides ne peuvent pas être demandées », tempête Yves Brossard, le patron de Primea Hotels. Idem pour les circulaires sur les exonérations fiscales accordées aux entreprises touristiques, qui n’avaient toujours pas paru au 31 décembre 2010. La situation des hôteliers antillais reste ainsi précaire, même si l’hiver s’annonce plutôt bon. « Ça y est, les ventes se remettent en marche et nous payons les fruits de nos rénovations, commente Carole Adam, directrice ventes et marketing du groupe Des hôtels et des îles. Novembre a été excellent. Décembre et janvier sont bons, mais avec beaucoup de départs de dernière minute. » Chez Karibea, Benoît Le Cesne prévoit aussi une saison hivernale à +15 % par rapport à l’an dernier. « Mais on ne reviendra pas au niveau de 2007, qui est notre dernière bonne année, affirme-t-il. Nos hôtels-restaurants restent notre principal problème, car ils sont ouverts toute l’année, avec des coûts de personnels importants, mais pleins en haute saison uniquement. Les hôtels d’affaires, en revanche, marchent très bien et ne sont pas soumis à cette saisonnalité. » Dans ce lent redémarrage du tourisme antillais, la clientèle business est bien, pour l’instant, la seule à avoir pleinement retrouvé le chemin de la Guadeloupe et de la Martinique.

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