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Le TGV Lyon-Turin : une gabegie à 30 milliards d’euros

Le projet de liaison grande vitesse est nominé dans la catégorie "Mains sales, poches pleines" des Prix Pinocchio du développement durable.

Les votes pour les Prix Pinocchio du développement durable organisés par l’association Les Amis de la Terre, sont ouverts. L’association dénonce notamment les pratiques opaques de la société Lyon Turin Ferroviaire (LTF), nominé dans la catégorie "Mains sales, poches pleines".

Le budget estimé de l’opération ne cesse d’augmenter

"Le budget estimé de l’opération ne cesse d’augmenter : de 3 milliards d’euros initialement (dans les années 90, Ndlr), on est passé aujourd’hui à 30 milliards. Le tout pour quoi ? Pour relier Paris à Milan en 4 heures et quart. Alors qu’avec la ligne actuelle, on pourrait déjà assurer cette liaison en un peu plus de 5 heures… 30 milliards pour gagner moins d'une heure. Heureusement, les contribuables paieront !", annonce l’explication sur le site Internet des Prix.

Des critiques relayées par nombre d'associations, mais également par des professionnels du rail et des institutions.

L’association rappelle ainsi les propos de l’ancien patron de la SNCF : "Dans un environnement contraint, ce serait une erreur majeure de consacrer les ressources financières qui resteraient à des investissements ferroviaires pour le tunnel de base du Lyon-Turin. Cet ouvrage n’est pas nécessaire aujourd’hui et pour longtemps. La ligne actuelle n’est exploitée qu’au tiers de sa capacité", avait déclaré en 2013 Philippe Essig, PDG de la compagnie ferroviaire jusqu'en 1988.

Un projet critiqué par la Cour des comptes

Par ailleurs, le 4 novembre, les représentants de la Commission européenne ont estimé que la viabilité économique de ce projet "surdimensionné" n'était "pas assurée" et que son coût devrait atteindre 26 milliards d'euros.

Enfin, le 23 octobre dernier, un rapport de la Cour des comptes estimait que la rentabilité socio-économique des lignes à grande vitesse, notamment celle entre Lyon et Turin, était "systématiquement surestimée". Dans un référé, en 2012, elle s’étonnait déjà de la "faible rentabilité économique", des prévisions de trafic surestimées et de l’inflation des coûts, rappelant que d’autres solutions alternatives moins coûteuses ont été écartées sans avoir été explorées "de façon approfondie".

Trucage d'appel d'offres et conflits d'intérêts

Au-delà de l’utilité du projet, Les Amis de la Terre dénoncent aussi l’opacité qui entoure le projet. "Le directeur général et le directeur des travaux ont tous deux été condamnés à de la prison en première instance en Italie pour trucage d'appel d'offres -sans que LTF se porte partie civile… La Cour des comptes a constaté que la région s'est placée à tous les niveaux décisionnels et techniques, les opposants ont repéré de nombreux conflits d'intérêts".

Par ailleurs, LTF a été interpelée par l’association de lutte contre la corruption Anticor, en particulier pour des frais de 10,322 millions d'euros présents dans ses comptes pour une galerie à Venaus qui n'a jamais été creusée.

Enfin, l’association estime que l’argument écologique avancé par LTF pour justifier le projet, "un million de camions en moins sur les routes", n’est pas valable. "Rien n'est fait pour utiliser la ligne ferroviaire existante modernisée, qui à elle seule pourrait transporter la totalité des marchandises circulant actuellement par les Alpes du Nord entre la France et l’Italie. Au contraire, le gouvernement français diminue les péages !".

Dans son référé de 2012, la Cour des comptes expliquait que les investissements ferroviaires n’avaient de sens que s’ils étaient accompagnés d’une politique de report modal de la route vers le rail. Mais elle précisait que cette politique devait être décidée dans un cadre européen et que les discussions à ce niveau n’avaient que peu progressé en 5 ans.

Dénoncer les impacts négatifs de certaines entreprises multinationales

"Les prix Pinocchio du développement durable, organisés par les Amis de la Terre France, en partenariat avec le CRID et Peuples Solidaires, ont pour but d'illustrer et de dénoncer les impacts négatifs de certaines entreprises multinationales, en totale contradiction avec le concept de développement durable qu'elles utilisent abondamment".

Les prix seront remis le mardi 18 novembre 2014 à partir de 19h, à La Java, à Paris.

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