Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

LAURENT LANFRANCHI l’historien

Le fondateur de Terra Nobilis continue sur sa lancée. À Strasbourg, où ce Corse d'origine a trouvé sa voie dans les voyages culturels, il entend grandir par croissance externe.

Sur son CV, une thèse d'histoire inachevée sur la romanisation de la Mésie supérieure paraît incongrue. « Je fantasme depuis dix ans la poursuite de ce travail universitaire », reconnaît Laurent Lanfranchi, patron de Terra Nobilis. « Il reste beaucoup de questions à se poser sur les Barbares et les Romains. Le questionnement naît autant des sources historiques que de l'actualité », explique-t-il, esquissant un lien entre l'arrivée des Goths sur les rives du Danube (376 après J.-C.) et les migrants syriens qui s'entassent aux portes de l'Europe : « Pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui, il faut lire le livre d'Alessandro Barbero sur la bataille d'Andrinople. Si l'on avait une identité européenne bien assise, un million de Syriens ne pèseraient rien du tout. » Voilà pour la politique, les références et la méthode : quand il partage sa réflexion sur le monde contemporain, Laurent Lanfranchi fait usage de la parabole. Et il sait rester modeste.

Le récit de ses débuts dans le tourisme, chez son désormais concurrent Clio, est plus terre à terre. « J'étais un factotum dans l'entreprise. Je gérais la bibliothèque, les conférenciers, j'élaborais des voyages », se souvient ce Strasbourgeois d'adoption, venu en Alsace pour accompagner sa femme, conservatrice, mutée dans la région. « Après mes années chez Clio, j'ai connu une première expérience de création d'entreprise à Toulouse. Quand il a fallu recommencer à Strasbourg, j'ai compris que la communication serait primordiale », poursuit Laurent Lanfranchi. « En 2006, j'ai sous-estimé le besoin de capital. J'ai démarré avec moins de 70 000 euros pour louer des locaux, créer un site, définir une charte graphique et lancer les premiers voyages. Par bonheur, les trois premiers groupes sont partis. L'activité a vite décollé et j'ai pu combler le trou initial. » La Russie et l'Italie figurent parmi les best-sellers de Terra Nobilis. Ce tour-opérateur culturel fait désormais voyager 1 500 clients par an, principalement sur des destinations moyen-courrier. Le chiffre d'affaires (1,63 ME en 2015) plafonne depuis quatre ans, après la reprise avortée du tour-opérateur culturel long-courrier Ikhar. « Je n'étais pas mûr. Je n'aurais pas su gérer deux entreprises à la fois », reconnaît Laurent Lanfranchi.

Début 2016, après la "re-fondation" symbolique de son organisation (bureaux plus vastes, nouveau site Web), il se voit enfin prêt à grandir. « Il faut que tout change pour que rien ne change », explique-t-il. Une citation de plus : la formule est de l'écrivain aristocrate italien Tomasi di Lampedusa. Les fonds apportés par une prochaine ouverture du capital serviront aussi à développer une application professionnelle, source de gains de producti- vité. « Dans les voyages culturels, il faut des hôtels bien placés, de bons conférenciers et de belles visites. Mais la valeur ajoutée ne se situe pas forcément où l'on croit », observe Laurent Lanfranchi. « Nous sur-vendons les voyages à Naples parce que les clients ont peur de la mafia et à Saint-Pétersbourg parce qu'ils ont peur de tout », s'amuse-t-il. Cette année, le chiffre d'affaires s'inscrit déjà en légère hausse, reflet d'un panier moyen qui a tendance à augmenter. Terra Nobilis compte encore 70 % de clients alsaciens. Décollage national imminent.

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique