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LA TUNISIE peut-elle repartir en 2016 ?

Le marché touristique de la Tunisie n'en finit pas de plonger. Après une année noire marquée par des attentats meurtriers contre le Musée du Bardo puis à Sousse, le pays peine à élaborer une stratégie de relance pour 2016.

Ce n'est plus une crise. La chute est vertigineuse. En 2015, selon la Banque centrale de Tunisie, les recettes touristiques du pays ont fondu de 35,1 %. Début 2016, rien ne va plus : en recul de 54,2 % sur les deux premiers mois de l'année, les revenus ont tellement plongé que certains acteurs locaux sont tentés de baisser les bras. « Tout le monde espérait un redémarrage en avril ou en mai. Nous nous attendions à une saturation des destinations de report, en Espagne ou au Portugal. Il n'en est rien. On ne sait plus que faire », reconnaît Rym Ben Fadhel, directrice générale des trois établissements du groupe Seabel. « Deux hôtels sur trois sont fermés. On a réduit le personnel, baissé nos prix, prolongé l'early booking », reconnaît cette dirigeante dont le résultat d'exploitation a plongé dans le rouge en 2015. « Pour l'instant, les banques nous suivent. Je suis prête à ouvrir le capital. Mais qui voudrait investir en Tunisie ? », s'interroge-t-elle. Début 2016, les entrées des Européens ont chuté de moitié. Il faut prospecter ailleurs. Depuis Djerba, certains hôteliers sont partis défricher le marché russe. Bilan : deux avions, chaque semaine, dès le printemps. « Les Russes ne vont pas remplir les 54 000 chambres de la destination », se désole Rym Ben Fadhel.

Faire renaître la confiance

Que faire sur le marché français ? Marmara, qui maintient le club Palm Beach à Djerba dans son offre estivale, accorde déjà 46 % de remise à certaines dates. Club Med va tenter la réouverture de Djerba la Douce à partir du 2 juillet. « La nature insulaire de Djerba rend cette destination plus facile à sécuriser », affirme Abdellatif Hamam, directeur général de l'Office national du tourisme tunisien. « Notre pays sort de cinq ans d'hésitations. Le gouvernement est stabilisé, il y a une réelle volonté d'en finir avec le terrorisme », explique-t-il. Considérant le problème politique, la Banque Mondiale s'apprête à doubler ses investissements dans le pays. Chez les jeunes, un tiers de la population est inactive. « C'est un vrai problème pour la société, ces jeunes sans perspectives présentent un risque de radicalisation », observe Radhouen Bouden, militant pour le développement démocratique originaire de Kairouan.

Depuis douze mois, les autorités tunisiennes semblent faire du surplace dans les négociations sur l'open sky avec l'Europe. À quand la libéralisation du marché aérien ? « Si les low cost viennent, Tunisair ira au plus mal », prévoit Rym Ben Fadhel. « La compagnie nationale doit se réformer, baisser ses coûts », reconnaît Abdellatif Hamam. Mais depuis la France, l'aérien est un faux débat. La sortie de crise est dans la lutte contre le terrorisme. Pour Philippe Gauguier, consultant chez In Extenso, « Les autorités tunisiennes doivent montrer les efforts déployés pour la mobilisation sécuritaire. Elles pourront ensuite mettre en valeur les atouts de la destination. Enfin, les Tunisiens seraient bien inspirés d'imiter le Maroc dans sa politique de développement de grands festivals. La cuisine, le cinéma, l'humour se prêtent à ce genre d'événements ». En 2014, selon l'OMT, les revenus du tourisme représentaient 7,4 % du PIB en Tunisie. Pronostic pour 2016 : entre 2,5 % et 3 %. Le recul des rentrées de devises et la précarité qui s'installe durablement chez les jeunes n'augurent pas d'un avenir souriant.

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