La crise hypothèque le développement du tourisme national

Le centre de gravité du tourisme se déplace. Alors que les ouvertures d’hôtels se multiplient en Chine ou dans les pays émergents, le « Tableau de bord des investissements touristiques 2011 » d’Atout France montre que les investissements touristiques dans l’Hexagone (hors résidences secondaires) devraient baisser de 3,9 % cette année.

Sous l’effet de la crise de 2008, les investissements en France avaient déjà régressé sur la période 2009-2011. Ils ont reculé de plus de 20 % pour les résidences de tourisme par rapport à 2006-2008, de 10 % pour les parcs de loisirs et de 5 % pour l’hôtellerie. Comme l’expliquait Gabriel Matar, directeur dans l’entreprise de conseil en immobilier Jones Lang LaSalle, au cours d’une conférence le mois dernier, « le premier critère pour un investisseur est le retour sur investissement. Face à l’incertitude du cadre juridique ou de la situation économique, les projets sont retardés ». Après une embellie l’an dernier, les investissements devraient reculer en 2012, de 4 % dans l’hôtellerie et de plus de 10 % dans les villages de vacances ou les résidences de tourisme. « Le problème de la dette reste le frein principal au développement du tourisme » selon Neil Gibson, directeur chez le consultant Oxford Economics.

L’HÔTELLERIE DE PLEIN AIR INVESTIT 490 ME

Ces tendances, si elles se confirment, permettent d’anticiper le futur visage touristique de la France. « Les entreprises qui ont investi avec le plus de régularité sont aussi celles qui tirent le mieux leur épingle du jeu » explique Atout France. Ainsi, l’hôtellerie de plein air, qui a multiplié ses investissements par cinq de 1990 à 2010, enregistre aujourd’hui une forte croissance, notamment sur le haut de gamme. Elle devrait continuer à gagner des parts de marché, avec 490 millions d’euros d’investissements prévus en 2012. Autre secteur « gagnant » pour les années à venir, les villages de vacances du tourisme social et associatif, qui devraient investir 72 millions d’euros en 2012 contre 46 en 2009. En 2012, les investissements progresseront également dans les parcs de loisirs (9,5 %), les casinos (4,5 %) et dans le secteur du thermalisme et de la thalassothérapie (+23 %).

L’hôtellerie indépendante, en revanche, restera autour du milliard d’euros d’investissement en 2012 (- 4,3 %), au même niveau que l’hôtellerie de chaîne qui compte quatre fois moins d’établissements et 50 % de chambres de moins que les indépendants. Déjà pénalisés par la précédente crise, ceux-ci ne disposent pas des ressources pour mettre leur offre à niveau et peineront à réaliser seuls les investissements incorporels (nouvelles technologies et formation) permettant une commercialisation plus active. Un cercle vicieux.