L’avenir du Negresco entre les mains de la justice
Le tribunal de commerce de Nice doit rendre une décision concernant la gouvernance du palace azuréen, géré par l’administration judiciaire depuis le placement sous tutelle de sa propriétaire en 2013.
C’est le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, qui est à la manœuvre de ce possible dénouement judiciaire. Depuis 2013 et le placement sous tutelle de Jeanne Augier, 94 ans, qui possède 97% des parts du Negresco, la justice administre l’établissement. Mais le parquet veut désormais confier son exploitation à un professionnel du tourisme.
"Mon boulot c'est l'intérêt général, et que le Negresco continue à Nice, qu'il puisse se développer […]. Heureusement, le Negresco n'est pas en cessation de paiement ni en péril, mais c'est une entreprise qui mérite qu'on voie à 5 ou 10 ans. On ne peut pas se contenter d'attendre la disparition de Mme Augier", exposait-il en début de semaine à la presse locale.
Une direction privée qui pourrait prendre ses aises
Si la demande du parquet est satisfaite par le tribunal de commerce, une direction générale privée pourrait prendre le contrôle des opérations. Un directeur général privé "ne pourrait pas aliéner les parts de l'hôtel, mais par exemple, le placer en location-gérance, et quasiment dans les faits, le prévendre", assure Me Thomas, l’administratrice judiciaire actuelle du Negresco. Il pourrait par exemple "engager deux à dix millions d'euros d'emprunt comme il veut", sans en référer comme elle au tribunal, affirme aussi Me Thomas, disant craindre qu'il ne suive "des intérêts privés".
Les salariés de l’hôtel, inquiets, plaident pour le maintien de l’administration judiciaire. En raison de sa renommée, le dernier palace français familial, actuellement d'une faible rentabilité, pourrait valoir "entre 300 millions et 400 millions" d'euros, estimait en 2016 Me Thomas. Jeanne Augier, sans descendant et actionnaire à 97% de l'hôtel hérité de son père, a toujours refusé de le vendre, malgré de nombreuses sollicitations étrangères.
Me Thomas avait été nommée en 2013 quand la justice a soupçonné des manœuvres pour capter l'hôtel. Un administrateur, Pierre Couette, trentenaire et spécialiste d'histoire de l'art, est d'ailleurs mis en examen pour abus de faiblesse, dans cette autre procédure rappelant l'affaire Bettencourt.