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Interview croisée de Marie Allantaz et Laurie Larchez

Les deux têtes pensantes et agissantes de l'ESCAET reviennent pour nous sur l'actualité en matière de formation et les mutations à suivre par les professionnels du tourisme.

Marie Allantaz, directrice de l’ESCAET  : "Notre industrie du voyage sera performante seulement si l’ensemble des acteurs (…) se battent conjointement."

L'Écho touristique : Comment se porte l'ESCAET en cette fin 2015 ? Une année riche en développements…

Marie Allantaz : Oui, nous sommes très satisfaits. Notre activité historique qui est la formation initiale affiche complet. Les métiers du tourisme et des voyages commencent à être perçus comme porteurs notamment les nouveaux métiers Data Analyst, Webmarketeur, Yielder, négociateur/acheteur etc… Notre taux d'insertion reste, malgré un contexte difficil, bon et encourageant. La formation professionnelle n'est pas en reste car la réforme a permis de bouger les lignes d'une vaste nébuleuse de financement. Ceci a rendu les entreprises et les salariés attentistes dans l'utilisation de leur budget formation mais cela a également permis de remettre sur le devant de la scène le besoin de se former. Enfin, 2015, fut pour nous le succès de nos deux nouvelles activités : deux éditions papier de notre magazine Stratégos et une première de notre événement, le Forum des Pionniers à Tanger en juin dernier, ont été très bien accueillies par l'ensemble des professionnels du Tourisme.

L'Écho touristique : La question de la formation commence enfin à être perçue comme primordiale. Il était temps, non ?

M. A. : Oui, nous sommes ravies que les pouvoirs publics en lien avec les branches mais également les entreprises publics et privées prennent conscience d'un manque de profils qualifiés sur les nouvelles compétences attendues par le marché et décident ensemble de mettre en place des actions afin de renverser ce constat. Notre industrie du voyage sera performante seulement si l'ensemble des acteurs, des organisations, des branches, des opérateurs paritaires collecteurs agréés et des organismes de formation se battent conjointement pour faire monter en compétences nos jeunes mais également les professionnels du tourisme déjà en poste, ou même les personnes qui ont un projet de reconversion professionnelle et qui souhaitent rejoindre notre secteur.

L'Écho touristique : Que pensez-vous des annonces faites par le ministre Laurent Fabius s'agissant de la création d'une conférence de formations d'excellence ?

M. A. : L'idée est intéressante. Notre industrie du tourisme et des voyages avait grand besoin de cette mise en réseau de nos écoles et universités. Nous étions d'ailleurs pionniers dans le domaine avec la création du portail d'admission des écoles supérieures du tourisme avec trois autres écoles. Nous faisions le constat d'un manque de visibilité sur les formations existantes mais également sur l'image du secteur et sur les compétences nouvelles demandées par les recruteurs des entreprises du tourisme.

L'Écho touristique : L'ESCAET va-t-elle s'inscrire dans ce dispositif ?

M. A. : Oui, nous sommes en train de réfléchir en ce moment sur la manière dont nous pouvons intégrer ce dispositif. L'ESCAET, avec ses 31 années d'existence, s'est toujours efforcée de communiquer sur son expertise en ingénierie de formation spécialisée travel mais également sur le référentiel des métiers que nous faisons évoluer depuis toutes ces années. Nos actions sont à travers la presse avec la publication de fiches métier que nous avons en partenariat avec L'Écho touristique, des vidéos témoignages de nos anciens et de leur métier sur notre chaîne Youtube, notre participation à des réunions organisées par la branche afin de mettre en place des actions de formation en concordance avec la stratégie publique et politique, etc., donc oui, ce dispositif sera un levier supplémentaire pour aider notre industrie.

Laurie Larchez, directrice de la formation professionnelle de l’ESCAET "Dans ce climat économique compliqué, la formation professionnelle reste un levier motivant et enrichissant pour donner un second souffle à sa carrière."

L'Écho touristique : Est-ce que vous percevez cette même prise de conscience de la part des entreprises ?

Laurie Larchez : Oui bien sûr ! On aimerait que cette prise de conscience soit plus massive mais il faut également dire que pour bon nombre d'entre elles, qu'elles soient distributrices, productrices, traditionnelles, pure players, start-up ou autres, selon les cultures d'entreprise, la formation reste un bon moyen pour atteindre des stratégies qui sont de plus en plus centrées sur les résultats.

L'Écho touristique : Et les salariés ? Quels sont leurs freins en termes de formation professionnelle ?

L. L. : Les salariés découvrent cette année le « nouveau DIF », le CPF (Compte personnel de formation). Ce dispositif leur permet de disposer d'un budget tout au long de leur vie pour se former et prendre en main leur carrière professionnelle. C'est un vrai changement. L'entreprise doit responsabiliser ses salariés sur le choix et la durée de ses formations tout en prenant ces décisions lors des entretiens annuels d'évaluation. De notre côté, notre équipe de la formation professionnelle a une vraie démarche de conseil auprès des demandeurs de formation dans le tourisme. Notre but est d'accompagner cette conduite du changement des dispositifs de financement, tout en les conseillant au mieux sur le choix de formation en fonction du métier et compétences visées.

L'Écho touristique : Quels sont selon vous les principaux enjeux pour la technologie, la relation-client et l'innovation ?

L. L. : Le marché est mouvant donc on ressent une demande très importante sur des thématiques de formation professionnelle pointues : traitement et analyse des données via des outils d'aide à la décision, techniques de ventes innovantes, techniques webmarketing d'acquisition et fidélisation client, techniques d'optimisation de revenus, méthodologie de gestion de projet IT, méthodologie de rédaction de contenus…

L'Écho touristique : les MOOC font leur apparition dans l'industrie du tourisme. Menace ou opportunités pour des acteurs historiques tels que vous ?

L. L. : Opportunités bien sûr ! Il est fini le temps du choix de la formation initiale qui nous menait à un métier que l'on exécutait toute sa vie. Nous sommes dans une ère de modularité de compétences qui nous permet de valider des blocs de compétences et donc obtenir des certificats, diplômes, titres par divers moyens : formation en présentiel, à distance, e-learning, MOOC, Webinar, Seriousgame, lecture, recherche… En parallèle, les supports technologiques mutent et permettent aux organismes de formation d'innover et de s'adapter de manière beaucoup plus réactive à de la transmission de compétences adaptées à un instant T aux besoins du marché du voyage. C'est ainsi que l'ESCAET s'est positionnée sur une expertise travel, multiformats, multicibles pour apporter une réponse personnalisée à des apprenants.

L'Écho touristique : Comment voyez-vous l'avenir de la formation dans notre industrie ?

L. L. : Dans ce climat économique compliqué, la formation professionnelle reste un levier motivant et enrichissant pour donner un second souffle à sa carrière. Du côté de la formation initiale, nos jeunes sont de plus en plus perdus et ont besoin plus que jamais d'accompagnement et de coaching pour s'adapter à des structures d'entreprises qui ne sont pas toujours prêtes à les recevoir avec leurs nouvelles compétences innées ou vision du monde ! Plus que jamais notre rôle est central et primordial pour continuer à accompagner notre industrie du voyage à muter.

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