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Grèce : pourquoi la saison touristique est sous tension

La crise des migrants, en provoquant attentisme voire défections, ralentit les prises de commandes. Un impact que les voyagistes n'avaient pas anticipé et qui risque de compromettre la saison estivale.  

25 000 à 30 000 migrants seraient actuellement bloqués en Grèce, dont plusieurs milliers dans des conditions d'hygiène dramatiques à la frontière de la Macédoine.

Une chute massive des réservations

Sur le port du Pirée à Athènes, ils sont aussi quelque milliers, dans des campements de fortune, à attendre d'hypothétiques transferts. Sur les îles à l'est de la mer Egée, où de nombreux réfugiés accostent en provenance de la Turquie, le gouvernement grec peine de même à les prendre en charge.

Depuis quelques jours, la pression semble être encore montée d'un cran, et les reportages se multiplient montrant une Grèce au bord de la crise humanitaire.

La semaine dernière, le quotidien grec I Kathimerini tirait la sonnette d'alarme et s'inquiétait des conséquences notamment sur la fréquentation touristique, relatant "une chute massive des réservations et une augmentation des annulations". Sur l'île de Lesbos, les prises de commandes auraient ainsi dégringolé de 90% par rapport à l'année dernière à la même époque.

De même, l'île de Samos enregistre une baisse des réservations de l'ordre de 40%. Certaines dessertes aériennes ont de fait été annulées et plusieurs compagnies de croisière ont modifié leurs itinéraires.

Le marché français à la peine

"La saison grecque se présente beaucoup moins bien que pressentie", confirme Patrice Caradec, président de Transat France (Look Voyages et Vacances Transat). "Nous n'avions pas du tout anticipé l'impact de deux phénomènes, l'un majeur qui est la crise des migrants, l'autre plus mineur qui concerne le renchérissement des prix dû à la multiplication des taxes. Au final, nous sommes en retrait de 10% environ par rapport à la même période de l'année dernière".

Avec huit clubs Lookéa, Transat est l'un des voyagistes les plus engagés sur la destination, à l'instar de Marmara, Héliades et Thalasso n°1 qui escomptait 35% de ventes supplémentaires en 2016, par rapport aux 55 000 clients de 2015.

"Tous les marchés sont à la baisse", remarque Patrice Caradec, avec pour indicateur les performances très décevantes de TourGreece, le réceptif maison qui gère environ 100 000 clients européens chaque année. "Le retrait des commandes est de l'ordre de -20 à -30%", précise-t-il.

Selon une étude présentée par l'institut GfK, en marge de l'ITB le 9 mars dernier, la clientèle germanique se détourne de la Grèce continentale et privilégie les îles clairement identifiées à l'écart des flux de migration, comme Rhodes et Corfou.

"La Grèce à la peine, avec des niveaux de vente très inférieurs aux attentes, est un vrai sujet de préoccupation", poursuit Patrice Caradec. "D'autant que les prix ont beaucoup augmenté depuis l'année dernière avec le renchérissement de la TVA dans l'hôtellerie et la restauration. Certains tarifs, comme les entrées de musées ont aussi flambé, prenant 100% de hausse. On est passé de 10 à 20 € l'entrée pour certains sites. Cela se répercute forcément sur le prix des circuits, qui coûtent de de 5 à 10% plus chers", déplore-t-il.

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