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G. Picquart (RueDuCommerce) : L’e-tourisme prend du retard depuis 10 ans

Pour Gauthier Picquart, cofondateur de RueDuCommerce, le tourisme a été pionnier sur Internet, mais n’a pas su conserver sa longueur d’avance. Explications.

L'Echo touristique : RueDuCommerce n’a jamais investi dans le tourisme. Pourquoi ?
Gauthier Picquart* : Nous avons regardé cet univers il y a dix ans environ. C’était à l’époque où le voyage était convalescent du 11 septembre 2001. Le ticketing fonctionnait bien, avec un Voyages-sncf.com qui montait en puissance, et des sites comme Promovacances, Opodo, Lastminute. Un grand nombre d’acteurs se battaient sur les tarifs. Que pouvait apporter RueduCommerce de différenciant, sachant que nous n’emettrions pas de billets ? Nous avons créé un onglet voyage, avec le comparateur Easyvoyage. Nous l’avons maintenu pendant deux ou trois ans. Mais ce partenariat a généré peu de trafic.

Quand nous avons ouvert notre marketplace en 2007, avec du sport, de la mode, du matériel de jardin, nous avons conclu un nouvel accord avec Easyvoyage, qui n’a pas davantage créé d’audience. Ce n’était pas rentable pour nous.

Qu’en déduisez-vous ?
Les internautes vont sur RueDuCommerce pour acheter un produit physique, pour s’équiper. Dans l’e-commerce, il faut rester centré sur un seul univers. Sinon, le consommateur ne vous considère pas comme légitime.

Vente-privee.com a de grandes ambitions dans le voyage…
Alors, je souhaite bon courage à Jacques-Antoine Granjon (Ndrl, PDG-fondateur de Vente-privee.com), que je connais bien. Vente-privee.com peut se positionner sur les voyages réservés à la dernière minute, à des prix très bas. Mais il attirera alors une clientèle opportuniste.

Quel regard posez-vous sur le tourisme ?
Le tourisme a été l’un des piliers fondateurs de l’e-commerce grâce à la billetterie. Ce fut un précurseur de l’e-commerce. Le secteur s’est très vite concentré sur la billetterie d’avion et de train, mais aussi sur l’hôtel, avec de puissants outils permettant de développer un marché de masse. Mais il a pris du retard depuis dix ans, alors même qu’un nombre croissant d’entreprises font du commerce en ligne. Les petits acteurs du tourisme n’ont pas su prendre le virage Internet, à l’image des petits magasins. Certains ont eu peur qu’Internet détruise de la valeur, leur enlève certaines compétences.

Que faut-il faire pour rattraper, au moins en partie, ce retard ?
Il faut sortir du mass market, se spécialiser sur des thématiques de voyages. Un nombre croissant d’internautes aspirent à des voyages sur mesure, comme le propose Voyageurs du Monde. Nous sommes toujours aux prémisses d’une telle tendance. Il faut aussi que les offices de tourisme développent de l’interactivité avec les touristes. Il faut qu’ils apprennent à se servir de l’outil digital, pour agrémenter le séjour d’un voyageur à destination. Si un consommateur recherche une activité avec son fils de 4 ans, un après-midi de pluie, l’OT devrait pouvoir lui adresser des propositions, à travers son application par exemple. Ce doit être un relai de vente, une porte d’entrée pour tous les adhérents et les touristes. C’est du web-to-store. Les sites doivent descendre dans la rue !

Vous avez quitté la présidence de RueDuCommerce
J’ai quitté la présidence de l'entreprise il y a un an, mais je reste administrateur. Mes 15 années d’e-commerce, dans une frénésie permanente, m’ont donné envie de changement, de nouveaux horizons. J'ai notamment des projets plus personnels, d'écriture et de musique.

* Grand témoin de Voyage en Multimédia 2014.

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