Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Frais GDS de Lufthansa : On revient 25 ans en arrière

 » Suite à l’annonce par Lufthansa de la mise en place de frais de réservation GDS, l'Ectaa a rencontré les représentants du groupe aérien sans parvenir à faire bouger les lignes. « 

Lufthansa ne reculera pas sur la hausse des frais de réservation via les GDS. A l’issue d’une entrevue de deux heures à Francfort le vendredi 3 juillet avec l'Association des agents de voyages et tour-opérateurs européens (Ectaa), les représentants du groupe d’aviation ont assuré qu’ils maintiendraient, dès le 1er septembre, cette nouvelle surcharge de 16 euros pour chaque billet réservé via un GDS, et ce malgré l’inquiétude des distributeurs.

"Nous leur avons demandé s’ils étaient bien conscients que cela va augmenter les prix, mettant ainsi la distribution indirecte en difficulté", rapporte Michel de Blust, secrétaire général de l’Ectaa. Mais Lufthsansa persiste et signe, assurant qu’il lui est désormais impossible de ne pas répercuter les coûts des GDS.

Plus d'accès au PNR

Selon Michel de Blust, le marché des billets à bas tarif, pour lesquels l’augmentation du prix sera autour de 5% minimum, sera le plus impacté. "Les clients essaieront de s’approvisionner via d’autres canaux et les agences seront contraintes de passer par la plate-forme de Lufthansa, notamment sur les routes où elle en situation de quasi monopole", détaille-t-il. Déjà ouvert, le site BtoB de Lufthansa, LHGroup-agent.com, permet aux agences de réserver en direct sans aucun frais supplémentaire.

Cependant, via cette plate-forme, une fois la réservation effectuée, l’agent de voyages n’a plus accès au PNR. En cas d’annulation ou de modification du billet, il doit donc appeler le call center de Lufthansa. "On revient 25 ans en arrière !", souligne Michel de Blust. "C’est une vraie usine à gaz : il faudra affecter une partie du personnel aux modifications des dossiers ce qui au final va coûter bien plus cher que la seule augmentation de 16 euros par réservation", poursuit-il.

Effet boule de neige

Là où Lufthansa interprète comme une marque d’intérêt la forte demande de login et mots de passe pour s’inscrire sur la plate-forme, l’Ectaa voit plutôt une forme de fébrilité du côté des distributeurs. "C’est une réaction d’entrepreneurs qui veulent voir ce qui les attend et ce qu’il est possible de faire ou non sur ce site", estime le secrétaire général du groupement européen.

Dès septembre, toute l’industrie de l’aérien aura les yeux rivés sur Lufthansa. "Si dans les faits, cette décision commerciale est acceptée par le marché, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de fléchissement des ventes, cette charge supplémentaire sera maintenue et la plupart des autres compagnies suivront", résume Michel de Blust. Et de rappeler que, d’après un sondage effectué début juin par l'Association internationale des transporteurs aériens (IATA) auprès de ses membres, 96 des 118 transporteurs interrogés envisageraient d’emboîter le pas au groupe Lufthansa.

L’Ectaa interpelle la Commission européenne

"Les compagnies ont discuté tout à fait librement de la décision commerciale de Lufthansa, il peut s'agir des signes avant-coureurs d’une entente tarifaire entre compagnies concurrentes", note Michel de Blust.

Parmi les trois pistes juridiques envisagées pour contrer l’offensive de Lufthansa figure l’"abus de position dominante", le groupe étant en position dominante voire de monopole sur un certain nombre de routes, notamment en Allemagne, en Autriche, en Belgique et en Suisse. L’Ectaa envisage par ailleurs d’invoquer l’application de l’article 23 du règlement 1008-2008 sur les services aériens selon lequel les tarifs doivent être transparents et accessibles sans discrimination.

Enfin, l’Ectaa se penche sur le règlement européen instaurant un code de conduite des GDS. L’association estime en effet que la plate-forme de réservation du groupe Lufthansa pourrait répondre à la définition du "système informatisé de réservation" (SIR) puisqu’elle ouvre les réservations pour toutes les compagnies du groupe et pour les vols des compagnies avec lesquelles elle a des accords. Or, en tant que transporteur "parent" ou "propriétaire" d’un GDS, Lufthansa  ne peut pas discriminer les autres GDS.

"Nous allons attirer l’attention du législateur européen en espérant que la Commission européenne entamera des investigations pour déterminer si oui ou non cette plate-forme est un GDS", précise Michel de Blust. Une rencontre doit avoir lieu dans les prochains jours. 

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique