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Frais GDS de Lufthansa : la décision qui peut tout changer

L'Association européenne des agences a déposé une plainte auprès de la Commission européenne, contre les surtaxes de Lufthansa. Si Bruxelles la rejette, les autres transporteurs seront tentés d'instaurer à leur tour des frais de réservation supplémentaires.

C’est en partie à Bruxelles que se jouera le sort des frais GDS imposés par Lufthansa. Pour contrer l’offensive du groupe aérien qui annonçait le 2 juin la mise en place de frais de 16 euros pour chaque billet émis via un GDS pour toutes les compagnies du groupe (Austrian Airlines, Brussels Airlines, Lufthansa et Swiss), l'Association des agents de voyages et tour-opérateurs européens (Ectaa)  a déposé une plainte le 24 juillet auprès de la Commission européenne. Et il y a urgence : cette surcharge sera appliquée dès le 1er septembre.

Or, selon l’association, elle constitue une augmentation significative du prix pour les consommateurs, et place les agences de voyages dans une situation de désavantage compétitif par rapport à la distribution directe des compagnies concernées.

Maintenir la pression sur la Commission

La plainte repose sur le fait que le site BtoB de Lufthansa, LHGroup-agent.com, qui permet aux agences de réserver en direct sans aucun frais supplémentaire, peut être assimilé à un GDS puisqu’il permet de réserver les vols auprès de plusieurs compagnies, aussi bien celles du groupe que celles avec lesquelles Lufthansa a des accords de code share ou d’interligne (Air Canada, Singapour Airlines, TAP Air Portugal…). Or, en tant que transporteur "parent" ou "propriétaire" d’un GDS, Lufthansa  ne peut pas discriminer les autres GDS, ce qu’elle fait d'après l'Ectaa en imposant cette surcharge pour qui ne passerait pas par sa plateforme de réservations.

"Compte tenu de l’urgence de la situation, nous n’allons pas lâcher la Commission. Elle doit se rendre compte que l’enjeu économique est de taille et il est hors de question qu'elle prenne trois ans pour examiner une plainte qui est somme toute relativement simple", estime Michel de Blust, secrétaire général de l’Ectaa, tout en reconnaissant qu’il faudra "un certain temps" avant d’obtenir une décision. En tout état de cause, Bruxelles ne se prononcera pas avant le 1er septembre.

Le risque d'une généralisation des frais GDS

Désormais, trois issues sont envisageables. La Commission peut considérer que Lufthansa viole en effet le code de conduite des GDS et lui infliger une amende. Pour éviter une telle condamnation, le groupe aérien pourrait faire marche arrière et retirer la surcharge de 16 euros. Mais la Commission a aussi la possibilité de rejeter la plainte si elle l’estime infondée.

Un scénario catastrophe selon Michel de Blust, tous les transporteurs suivant de très près l’évolution du dossier.  "Si nous sommes déboutés, nous pourrons toujours faire appel. Mais il est très clair que nous allons voir débarquer des surcharges à 15-16-17 euros un peu partout chez les transporteurs qui auront trouver là une autre façon d’augmenter leurs tarifs", prédit-il.

La résistance s'organise

En attendant, l’Ectaa invite les consommateurs à réagir en privilégiant les alternatives à Lufthansa lorsque celles-ci existent. "Le groupe est en position dominante sur toute une série de routes en Europe. Là, il y a certainement un problème de concurrence et c’est une autre base juridique sur laquelle nous continuons à travailler", précise le secrétaire général de l’Ectaa.

Un peu partout, la résistance s’organise. Le 18 août, huit agences de voyage en ligne européennes – e-Travel, Etraveli, le groupe LastMinute.com Group, Travelgenio, Travelplanet24, Travix, Unister Travel et eDreams Odigeo – ont envoyé une lettre à Lufthansa pour lui demander de retirer cette surcharge considérée comme "manifestement illégale".

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