Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Comment l’UMP a sauvé des aéroports régionaux et Ryanair

Les propositions des parlementaires européens, visant à interdire les subventions d’exploitation pour les plus petits aéroports, ont été retoquées suite à un lobbying efficace.

"Des dizaines d’aéroports en France ne sont pas rentables et ne fonctionnent que grâce aux subventions publiques. La Commission européenne voulait y mettre bon ordre. Mais a échoué, à cause d’un lobbying intense – et efficace – de l’UMP", lance le journaliste Roman Bernier, sur le site en ligne Reporterre.

42% des aéroports européens déficitaires

La Commission européenne s’était émue, au départ, du fait que 42% des aéroports européens étaient déficitaires, engendrant des dépenses publiques, pour des aides opérationnelles, de 4,7 milliards d’euros par an.

Afin de régler ce problème de "mauvaise utilisation de l’argent publique", selon les mots de l’Association of European Airlines (AEA), les parlementaires européens avaient proposé de réduire, puis d’interdire les subventions d’exploitation pour les aéroports de plus de 200 000 passagers, avec des exceptions pour certaines plates-formes ayant un rôle d’aménagement du territoire, notamment en outre-mer.

270 aéroports en Europe, dont 11 en France, auraient été privés des deniers publics et une majorité auraient dû fermer. Inadmissible pour certains directeurs d'aéroport et des présidents d'agglomération ou de région.

Le Languedoc-Roussillon, chef de file du lobbying

Comme l’explique Reporterre, un plan de lobbying avait déjà été mis en place, notamment en France.

Dans un procès-verbal de la communauté d’agglomération de Carcassonne, daté du 19 décembre 2012, on apprend que la région Languedoc-Roussillon, qui compte 5 aéroports de moins de 200 000 passagers, a été désignée comme "chef de file pour coordonner les actions de lobbying auprès du Gouvernement français ou de l’Europe".

Une enquête de Commission sur les aides des aéroports

En juillet 2013, Franck Proust, maire-adjoint de Nîmes Métropole et eurodéputé spécialiste des transports, alerte l’opinion dans un communiqué, puis appelle à une manifestation début septembre. "A l’échelle nationale aussi, l’UMP s’organise. Rien de surprenant : Jean-Paul Fournier, vice-président de l’UMP depuis février 2013, est par ailleurs maire de Nîmes. Il brigue un nouveau mandat en 2014 et l’enquête de la Commission ferait tache sur son bilan", poursuit Roman Bernier.

L’UMP publie ensuite une contre-résolution européenne, puis une pétition d’une cinquantaine d’eurodéputés réussit à entraîner Michel Barnier, "commissaire européen au service et relais de l’UMP auprès de la Commission" qui, après une rencontre avec José-Manuel Barroso, convainc l’exécutif européen de se rallier à sa position.

Le seuil de 200 000 passagers passe à 700 000

Résultat, le seuil de 200 000 passagers passe à 700 000 et tous les aéroports français sont épargnés. Une aubaine pour les 5 aéroports du Languedoc où Ryanair, ultra-majoritaire, bénéficie de subventions publiques qui auraient pu être jugées illégales par l'Europe, si le seuil n'avait pas changé.

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique