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Ce que la LOI MACRON a changé

Le ministre est parti mais la loi reste. Emblématique du quinquennat de François Hollande, la loi portée par Emmanuel Macron a fait souffler un vent de libéralisme sur le secteur du tourisme. Un peu plus d'un an après sa promulgation, un bilan s'impose.

Plus de 400 heures de débats à l'Assemblée nationale et au Sénat, trois recours à l'article 49-3 de la Constitution, un total de 308 arti- cles, des éloges du Medef, des critiques de la gauche, beaucoup d'encre… Un peu plus d'un an après sa laborieuse adoption, et alors que l'ancien ministre de l'Économie a démissionné fin août, l'heure des comptes a sonné pour la loi Macron. Si les économistes sont partagés quant à ses effets réels sur la croissance de la France qu'elle était censée soutenir, force est de constater qu'elle a bousculé l'industrie du tourisme.

Tout roule pour l'autocar

Ce qui a changé : les trajets interrégionaux en autocar, autrefois exclusivement réservés aux lignes desservant l'étranger, sont désormais autorisés.

C'est "le" succès de la loi Macron. Présentée comme une mesure à destination des plus démunis qui pourraient ainsi voyager à moindres frais, la libéralisation du marché de l'autocar sur des liaisons nationales a permis de créer 1 500 emplois directs. Surtout, selon les chiffres du gouvernement, l'offre a explosé pour atteindre 715 lignes quotidiennes reliant 157 villes françaises, soit deux fois plus qu'en septembre 2015. Le nombre d'usagers du car longue distance est, lui, passé de 110 000 en 2014, à plus de 3,8 millions entre août 2015 et août 2016. Un succès lié à des prix de lancement très attractifs que les compagnies devront revoir à la hausse à l'avenir afin d'être rentables. La consolidation du secteur autour de trois acteurs – Ouibus, qui a intégré Starshipper en juin, Flixbus, qui s'est emparé le même mois des activités de son concurrent Megabus, et Isilines, filiale du groupe Transdev – devrait aussi conduire à une hausse des tarifs. Pour autant, le risque d'une flambée des prix semble mince car le secteur doit rester concurrentiel face au covoiturage.

Le travail dominical divise

Ce qui a changé : des "zones touristiques internationales" sont créées et les commerces peuvent ouvrir jusqu'à 12 dimanches par an, contre 5 auparavant.

Bilan plus mitigé pour l'assouplissement du travail le dimanche et en soirée. En un an, 21 zones touristiques internationales (ZTI) ont vu le jour, dont 12 à Paris, dans lesquelles les commerces peuvent ouvrir les dimanches et jusqu'à minuit, sur la base de compensations salariales désormais inscrites dans la loi. Conditionnées à un accord avec les salariés, ces ouvertures étendues restent bloquées par des résistances syndicales dans plusieurs grandes surfaces et chez des distributeurs importants comme la Fnac. D'autres, tels que Marionnaud, Nature et Découvertes, Apple, BHV, Etam ou encore Inditex, ont trouvé un terrain d'entente avec leurs employés, tandis que des accords de branche ont été signés dans l'horlogerie-joaillerie et la haute couture, particulièrement prisées des touristes étrangers. L'efficacité économique de ces mesures est toutefois remise en question par une fréquentation dominicale insuffisante. En dehors des ZTI, les maires peuvent accorder non plus 5, mais 12 dimanches dans l'année pour l'ouverture des boutiques. Sur les 70 plus grandes villes françaises, le gouvernement assure que 43 % ont augmenté le nombre de dimanches en 2016 par rapport à 2015.%%HORSTEXTE:1%%

Liberté pour les hôteliers

Ce qui a changé : l'hôtelier est libre de proposer un prix différent sur ses canaux (offline et online) et sur les centrales de réservations.

Passé plutôt inaperçu au moment de l'adoption de la loi, l'article 33 octies A bouleverse pourtant la réservation en ligne des hôtels. Il met fin à la clause de parité tarifaire qui contraignait les hôtels à ne pas afficher un prix inférieur aux sites de réservation en ligne, comme booking.com. Concrètement, l'établissement retrouve toute latitude pour fixer ses tarifs, tandis que la plate-forme est tenue d'afficher le prix auquel l'hôtelier lui demande de vendre la chambre, en vertu du contrat de mandat qui lie les deux parties. Si les hôteliers ont immédiatement salué cette liberté tarifaire retrouvée, les OTAs ont alerté sur une future guerre des prix qui se jouerait au détriment du consommateur, perdu dans la jungle des tarifs.

Le CDG pas si Express

Ce qui a changé : le gouvernement peut prendre par ordonnance toute mesure relevant du domaine de la loi en vue de la réalisation du CDG Express.

En discussion depuis des décennies, initiée puis abandonnée, la réalisation d'une liaison ferroviaire entre le centre de Paris et l'aéroport de Roissy avance maintenant à grands pas, bien que plusieurs inconnues persistent. À commencer par le financement du projet CDG Express, évalué à 1,4 milliard d'euros pour la construction, auxquels s'ajouteront 280 millions pour le matériel roulant. Une taxe sur les billets d'avion partant ou arrivant à Roissy a été évoquée par le gouvernement. Et le temps presse : la ligne, qui doit relier la gare de l'Est à Roissy en vingt minutes, doit être prête pour les JO de 2024 qui auront peut-être lieu dans la capitale.

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