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A quel prix peut-être cédé Transat France ?

Nous avons posé la question à des décideurs du voyage, de Jean-Pierre Nadir à Emmanuel Foiry. Ces observateurs avisés, qui ont expérimenté la vente ou le rachat de leur entreprise, évoquent différents montants et scénarii.

"Transat France vaut 40 à 70 millions d’euros", estime Jean-Pierre Nadir. Le président fondateur du site d’infomédiation Easyvoyage, vendu en 2015 à Webedia, fait une telle estimation à la lumière de l’Ebitda (résultat d'exploitation) potentiel des prochaines années, du positionnement des TO Look Voyages et Vacances Transat et du management en place, qu’il connaît très bien.

Transat France a bouclé l’année 2013/2014 avec un bénéfice d'exploitation de 5,9M€, après un déficit d’1,1M€ l'année précédente. Sur l’exercice 2014/2015 (clos le 31 octobre), le résultat net ressort à -0,19M€ pour un chiffre d'affaires de 500M€. Les deux dernières années ont été polluées par l’instabilité géopolitique persistante en Afrique du Nord, et par un chantier technologique aussi complexe qu’ambitieux. Reste que les fondamentaux sont bons. L’entreprise n’est pas à restructurer comme l’était le groupe Fram, racheté par Karavel-Promovacances. L’équipe rassemblée autour de Patrice Caradec non plus.

Le potentiel des Clubs

"Le club est l’avenir du tour-operating industriel en France, il a séduit 2,5 millions de vacanciers l’an passé d'après le Seto, poursuit Jean-Pierre Nadir. Look Voyages est une belle marque, qui a toujours beaucoup de potentiel en la matière. Transat France aura une bonne bonification (capitalistique, NDLR), d'autant qu'il a bien résisté pendant des années difficiles, et peut développer la France en clubs, sur le modèle de Belambra".

Au cours de la période 1er mai-31 août, 41% des ventes de forfaits des producteurs du Syndicat des entreprises de tour-operating (Seto) ont concerné des séjours en clubs, soit un bond de 15% en glissement annuel, un niveau jamais atteint précédemment. La concurrence est toutefois vive sur ce créneau, entre les Club Med, les Lookéa, les Framissima, les Club Marmara. Sans oublier les Kappa Club, les ÔClub, les Club Héliades, et ceux de Top of Travel. Transat France est aussi en pole position avec les circuits de Vacances Transat, une autre corde à son arc.

Qui peut investir ?

Les candidats potentiels au rachat sont encore difficiles à identifier. Toutefois, différentes hypothèses commencent à émerger, comme celle d'un fonds d'investissement, vu le montant prévisionnel de la transaction, soulignent différents observateurs.

"Des groupes étrangers pourraient aussi s’intéresser à cette belle opportunité de croissance externe, et créer des synergies en jouant sur différentes périodes de vacances", relève Jean-Pierre Nadir, citant les noms des groupes allemands Rewe* et FTI. Reste aussi l'option chinoise, à la lumière des prises de participations déjà réalisées (Club Med, Thomas Cook, Pierre & Vacances…).

Que pense le patron d'Easyvoyage de l'éventualité d'un rachat par "Laurent Abitbol", président de Marietton Développement, évoqué par notre confrère Tour Hebdo ? "Ce serait une bonne nouvelle pour le marché français." Mais, selon le principal intéressé, Laurent Abitbol, la question est "prématurée" : "Nous n'avons pas commencé à étudier le dossier Transat ni ses bilans, nous ne l'avons même pas ! Ce projet m'intéresserait, c'est vrai, j'aime beaucoup les équipes de Transat. Mais j'ignore le prix, et combien les banques seraient prêtes à nous accorder. Notre capacité d'investissement est limitée, puisque nous venons d'acheter Havas Voyages".

Un scénario différent de Kuoni

Pourrait-on imaginer un montage dans lequel le management de Transat France serait partie prenante, adossé à un fonds ou un industriel ? Patrice Caradec, le président du groupe, y a fait allusion lors d'une conférence de presse, en indiquant que le repreneur quel qu'il soit, devrait tenir compte d'une "équipe très impliquée". "Pourquoi pas ? Mais alors, ce sera de manière très minoritaire, vu la valorisation de Transat France", commente Emmanuel Foiry, président de Kuoni/Travel Lab.

"On ne peut pas imaginer de dupliquer à Transat France une reprise telle que les cadres de Kuoni l'ont effectuée il y a trois ans. Les dossiers et les sommes en jeu sont très différents. Vacances Transat et Look Voyages ne seront pas cédés à moins de 50 millions d'euros", estime Emmanuel Foiry. "Dans notre cas (le groupe suisse Kuoni a accompagné la reprise de sa filiale française par les cadres dirigeants et recapitalisé l'entreprise déficitaire NDLR), nous n'avions pas besoin d'un fonds. Le deal avec notre maison-mère n'avait rien à voir".

* qui a repris les activités TO de Kuoni Group en Europe, sauf celles de la France.

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